« LE TRANSMETTEUR »
en énergétique chinoise
par Chantal Germain
Jean-Marc Eyssalet, médecin, acupuncteur et chercheur, met à la portée des Occidentaux
une sagesse vieille de 2500 ans.
Les deux pieds dans la rosée, chaudement habillées en ce début d'automne, une quarantaine de personnes
contemplent en silence le soleil qui se lève sur le fleuve Saint-Laurent, au pied du Domaine Forget dans les montagnes de
Charlevoix. L'écoute silencieuse, suivie d'une marche à travers bois, marque le début de la journée. Cette forme
de recueillement en pleine nature constitue la base et la condition nécessaire au travail énergétique sur eux-mêmes que les
participants vont entreprendre auprès du Dr Jean-Marc Eyssalet, médecin, acupuncteur et chercheur reconnu
pour sa profonde compréhension de l'énergétique chinoise.
Après la marche, les participants enchaînent avec des exercices respiratoires de Dao-in, une méthode méditative
active qui amène le souffle dans les trois centres fondamentaux du corps: le bassin et les lombes, le coeur et le thorax,
la tête et la nuque. L'expression « champs de cinabre », qu'on retrouve souvent dans les textes chinois traditionnels,
désigne ces trois centres. Ces exercices respiratoires sont utilisés dans les pratiques de nettoyage énergétique qui
touchent autant le corps que l'esprit.
Selon l'énergétique chinoise, le bassin et les lombes, ou champ de cinabre inférieur, sont le lieu de toute
la vitalité originelle transmise par les parents et confirmée par le cosmos; le coeur et le thorax, ou champ de cinabre moyen,
sont le lieu de l'expression des souffles en rapport avec l'expression émotionnelle; et le champ de cinabre supérieur, la
tête et la nuque, est le lieu d'intégration et de cristallisation de la pensée, de l'intuition et de la réalisation spirituelle.
L'importance accordée au souffle s'explique par le fait qu'en embryologie chinoise le nez (donc la respiration) est le pivot
de la genèse de l'homme. Les exercices de Dao-in servent donc littéralement à «régénérer» les centres fondamentaux du
corps et à réactiver les circuits énergétiques.
Toute la matinée sera consacrée à ces exercices généralement pratiqués en pleine nature. Pour les
taoïstes, en effet, la nature est indissociable de toute transformation intérieure: s'imprégner d'elle et vivre selon ses
rythmes, c'est capter ses pouvoirs régénérateurs essentiels à toute guérison.
C'est du moins ce qu'a découvert Jean-Marc Eyssalet au cours des recherches qu'il mène
depuis plus de 25 ans. D'origine française, l'homme fit la rencontre d'autres «médecines» lorsqu'il passa un an et demi
au Cameroun comme médecin coopérant. « Nous étions deux médecins dans un hôpital de 250 lits qui recevait 800 patients
par jour. La nuit, l'hôpital était aux mains des guérisseurs », se rappelle-t-il. Dès son retour en Europe,
en 1971, il se dirige vers l'acupuncture puis plonge à fond dans l'étude de la pensée énergétique chinoise. Il poursuit
ses recherches médicales personnelles sous toutes les latitudes, en Chine, en Inde, aux Philippines, en Afrique, en Amérique
latine et en Amérique du Nord. Auteur de plusieurs livres sur l'énergétique et la diététique chinoises, Eyssalet,
qui écrit et parle couramment le chinois, poursuit une démarche de redécouverte et d'actualisation de la sagesse chinoise
traditionnelle dont il ne semble pas exister d'équivalent à notre époque. Pour décrire l'homme, le meilleur qualificatif
est sans doute moine, ou alchimiste de l'énergétique. Sa passion l'a finalement amené à partager son temps entre l'écriture,
l'enseignement, la clinique, la recherche personnelle et les conférences et ateliers qu'il anime dans quatre continents.
Pour Eyssalet, toutes les problématiques humaines peuvent être appréhendées sous l'angle
de l'énergétique chinoise. L'essentiel de ses ateliers consiste à mettre à la portée de l'Occidental une sagesse vieille
de 2500 ans et à lui faire découvrir comment cette sagesse est toujours vivante et présente dans le quotidien. Pour
cela, il n'hésite pas à présenter des textes de la médecine chinoise traditionnelle, comme le Ling Shu et le Su Wen, ou de
philosophes chinois, textes qui seront traduits à partir des idéogrammes et commentés aux participants lors des entretiens
qui ont lieu l'après-midi. On découvre alors que ces très vieux textes sont comme des emblèmes porteurs d'énergie et
transformateurs de l'état d'être des participants.
On sait que la pensée chinoise traditionnelle conçoit l'être humain comme une totalité, aussi bien en lui-même
que dans son dialogue avec l'univers. Cette pensée fait une large place à l'intuition et au mouvement qui relie et rassemble.
La vision chinoise, synthétique, dynamique, qui engage toutes les observations et les actes concrets de la vie quotidienne,
a donné lieu à un véritable art de vivre. C'est cet art de vivre qui, finalement, forme le coeur de l'enseignement de
Jean-Marc Eyssalet. Ces techniques que sont l'écoute silencieuse, la respiration, l'alimentation, la
pharmacopée chinoise, la parole et la régulation énergétique par l'expression corporelle et sensorielle constituent donc des
invitations concrètes à la rééquilibration de l'être par lui-même.
Après les exercices du matin et les entretiens de l'après-midi, la journée se termine par l'écoute de musique
traditionnelle et sacrée qui prépare au sommeil et aux rêves porteurs de messages subtils et réparateurs.
Les participants aux ateliers d'Eyssalet ne sont pas nécessairement spécialistes de l'énergétique
ni thérapeutes. Ces personnes, qui viennent d'horizons fort divers, sont plutôt attirées par la recherche authentique
de l'animateur et ont comme dénominateur commun le besoin de poursuivre une démarche personnelle en santé. Chose certaine,
ces rencontres sont des occasions privilégiées d'effectuer en groupe un travail d'élargissement de l'écoute qui engage la
totalité de l'être. « Vous y engagez la créativité de votre esprit, votre conscience centrée et votre intention
dirigée », dit Jean-Marc Eyssalet.
Ressources
Ouvrages de Jean-Marc Eyssalet, chez Guy Trédaniel Éditeur: La Diététique
chinoise, tomes I et II, Les Cinq chemins du clair et de l'obscur, Shen ou l'instant créateur, Le Secret de la maison des
ancêtres.
Cet article a été publié dans le Guide Ressources 9, no 6, mars 1994, p. 26-28.