Avez-vous les reins solides?
par Christine Angelard

Christine Angelard est diplômée d’un doctorat en médecine en France (université de
Toulouse) et détentrice d'un diplôme post universitaire en homéopathie et en médecine traditionnelle chinoise.
Chez l’être humain, l’argent est lié à des fonctionnements archaïques qui sont profondément
enfouis dans nos inconscients. Certains le perçoivent comme un pouvoir, d’autres comme une force; certains le voient
comme un outil alors que pour d’autres l’argent est quelque chose de vil, de méprisable. Pourquoi tant de différences?
Pour Freud, l’argent était associé au stade anal et au rapport que l’enfant entretient avec
ses fécès; à sa facilité à se libérer ou non de la matière, rétention ou libre circulation. Déjà, très jeune, l’enfant
retient sa matière selon un modèle éducatif ou en réaction à ce qu’il vit. Une fois devenu adulte, il continue
à retenir ou, au contraire, à laisser aller une autre forme de matière.
Des rapports reçus en héritage
Les rapports que nous entretenons avec l’argent proviennent essentiellement de ce que nous avons
vécu, ou de ce que nos ancêtres ont vécu. Il existe des familles où les difficultés financières ont été telles que le message
inconscient, voire conscient, qui s’est transmis de génération en génération, est qu’il fallait absolument « faire
de l’argent » pour ne pas subir la misère vécue par les générations précédentes. Ce manque cruellement ressenti a entraîné,
d’une génération à l’autre, des rapports compliqués avec l’argent. Il existe également des générations qui
ont vécu la rétention, l’avarice à l’extrême, donnant naissance à des générations « frustrées » qui auront tendance
à aller dans l’excès inverse : dépenser sans compter…
L’histoire de notre famille interfère à coup sûr dans nos comportements relativement à l’argent.
Mais il n’y a pas que ça… La médecine chinoise peut mettre en lumière des blocages capables d’entraver la
libre circulation de l’énergie de l’argent dans notre vie.

La loi des cinq éléments à la rescousse
L’énergie de vie, le QI, doit circuler de façon fluide dans notre corps, dans le sens indiqué par
les flèches situées à l’extérieur du cercle, soit des POUMONS, vers les REINS, le FOIE, le COEUR et l’ensemble
RATE- PANCRÉAS, pour revenir aux POUMONS. C’est la loi d’engendrement. À cette loi est associée la loi de rétrocontrôle
: dès qu’un déséquilibre énergétique touche un des cinq éléments, il y a automatiquement un frein de l’énergie
sur l’élément situé en face (flèches situées à l’intérieur du cercle). Ces deux mécanismes régularisent la circulation
de l’énergie dans le corps.
Plus un déséquilibre est important ou profond, plus il entraîne un frein de l’énergie sur l’élément
correspondant : la TERRE arrête l’EAU en l’endiguant, l’EAU éteint le FEU, le FEU fond le MÉTAL, le MÉTAL
coupe le BOIS, et le BOIS domine la TERRE en la perçant.
Avoir les reins solides…
Symboliquement, l’argent, les liquidités, nous renvoient à l’énergie des REINS, élément associé
à la notion de pouvoir, un pouvoir qui peut nous servir à posséder quelque chose. Les REINS sont également le siège de la
volonté ou de la peur, selon que l’énergie y est en excès ou en insuffisance.
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C’est aussi au niveau des REINS que résident les pulsions sexuelles, l’énergie créatrice et
l’énergie ancestrale. Celles-ci nous renvoient à l’importance de ce qu’aura vécu notre famille comme autant
de facteurs qui vont influencer notre comportement à l’égard de l’argent. Je me souviens d’un patient dont
la famille avait dû subir des exodes et des déportations et qui m’avait dit : « On doit toujours avoir de l’argent
liquide et son passeport avec soi. Comme ça on peut toujours s’en sortir! »
Quand un déséquilibre s’installe
L’élément RATE - PANCRÉAS est le siège de la mesure, du juste milieu, mais aussi de la raison. Son
déséquilibre entraînera, par la loi du rétrocontrôle, un déséquilibre au niveau de l’énergie des REINS. Donc, si je
perds le sens de la mesure, je peux basculer dans la volonté excessive, le « je veux à tout prix », reflet intéressant de
l’acheteur compulsif. Si je suis persuadé d’avoir raison, cela peut conduire à la perte complète du sens de la
mesure et entraîner un déséquilibre encore plus marqué sur l’énergie des REINS, donnant naissance à une volonté totalitaire,
qui entraînera à son tour le verrouillage de l’énergie du COEUR. La personne sera alors complètement coupée de l’énergie
du COEUR, de l’amour, de l’Être. Selon que c’est la fluidité ou le blocage qui prédomine, on retrouvera
la capacité d’être ou d’avoir.
Entre l’avoir et l’être
On entre ici dans la valse des comportements bien connus : on veut
trouver l’amour, connaître le grand amour; on veut tellement, qu’on est prêt
à tout. C’est ainsi que certains s’abîment dans une sexualité débridée, multipliant les « partenaires » pour avoir…
cet amour. Dans cette attitude pathétique, l’individu s’épuise à chercher dans l’autre, ou dans les multiples
autres, les moyens de combler son manque… Il cherche à avoir au lieu d’être.
C’est aussi le comportement des acheteurs compulsifs qui achètent frénétiquement pour combler un manque en croyant entre
autres que les possessions viendront combler un vide béant. Si j’achète, je vis, j’existe. J’achète donc
je suis. J’ai, donc je suis…
Spirituellement dédaigneux
Il existe aussi le dédain de l’argent, du matériel, comme étant « peu important » par rapport aux
« véritables » valeurs spirituelles… En se voulant un esprit pur et noble, détaché des valeurs matérielles, on est dans
l’illusion totale, sans aucune base solide, risquant la destruction au moindre coup de vent. Comme un trop-plein ou
un manque d’énergie peut être néfaste, se désintéresser de l’argent est un non-sens aussi dangereux que d’en
faire sa préoccupation principale! L’argent est un outil, une énergie qui doit circuler pour nourrir tous les autres
éléments de la vie. Tenter « d’avoir » frénétiquement éloigne de l’Être, mais ne pas avoir de base expose à l’illusion!
Pour développer notre plein potentiel, nous devons recréer le lien entre ces deux pôles et non les séparer.
Une piste de réalisation à suivre…
Comportement hérité de nos ancêtres, de notre éducation, notre rapport à l’argent est là pour nous
parler de nos peurs, de notre volonté, de notre besoin de posséder, de notre rapport à la sexualité et de notre rapport à
l’avoir. C’est un comportement qui a des racines profondes qui, si on le conscientise, peut nous apprendre beaucoup
sur nous-mêmes. Il peut aussi nous aider à nous libérer de l’emprise du passé, des limitations vécues par nos ancêtres
et rétablir la libre circulation de l’énergie, non seulement dans notre corps, mais dans notre vie.
Par la respiration consciente, la cohérence cardiaque, la méditation ou d’autres techniques de relaxation,
nous pouvons nous libérer de ces peurs ancestrales. La fluidité ainsi retrouvée permettra au mouvement de vie de circuler
à nouveau librement dans notre corps. Souvenons-nous que dans la peur du manque ou dans l’obsession de l’avoir,
c’est l’Être entier qui souffre. En faisant circuler cette énergie qu’est l’argent, elle nous revient
au centuple, comme la vague, comme le souffle qui nous anime. Il ne faut surtout pas l’oublier!

Texte de Christine Angelard paru dans le
Magazine VIVRE de mars-avril 2008
pages 38-39
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